• SHANGHAI BOLÉRO

Une chorégraphie pour une déesse

Type de presse: 
Internationale
Date de publication: 
29/11/2022

L'Eintanzhaus de Mannheim a réussi une collaboration passionnante avec Didier Théron, que l'on vient à nouveau de voir dans sa dernière pièce "Atalantes".
Coté cour, une batterie en fond de scène éclairée en rouge.
Deux bancs de chaque côté sont plongés dans une lumière rougeoyante. Seul le fond de scène est d'un bleu détendu, créant un contraste céleste avec les tapis de danse noirs qui servent de terrain de jeu.
Joël Allouche pose les premiers sons d’Atalantes. Les bruits de ses baguettes sur le bois, le timbre et le métal s'ajustent au tempo et appellent à la danse.
En premier lieu, juste deux danseuses vêtues d'une simple blouse noire et de chaussettes sombres aux pieds. Le visage, le cou, les mains, les genoux et les mollets sont découverts et créent avec la lumière un champ de contrast propre à l'ensemble de la composition.
Comme des pions, le duo se déplace côte à côte, dans un mouvement de pas simples et amples sur une ligne horizontale et fictive. Bientôt, l'une d'elles change de direction avec son corps, puis se place parallèlement à l'autre, tandis que les deux poursuivent leurs mouvements simples, conservant la même séquence de pas. Le duo continue de se déplacer en suivant une géométrie dans l’espace, jusqu'à ce que les bras, collés au corps, se libèrent de leur rigidité en de brefs gestes dramatiques. Le musicien y ajoute un rythme complexe qui se développe comme une forte pulsion de vie.

Échapper aux schémas synchrones
C'est à Montpellier, dans le sud de la France, que Didier Théron est installé avec sa compagnie de danse internationale. Depuis la création de sa pièce "Resurrection" en 2019, la compagnie entretient des liens étroits avec le public de la Eintanzhaus de Mannhein, à travers une collaboration productive avec le chorégraphe. Pendant la pandémie 2020/21, le projet vidéo "Les pièces de Mannheim " a vu le jour, réunissant numériquement des danseurs européens pour des répétitions.
À partir de là, Théron a développé "Atalantes", une pièce pour six danseuses, dédiée à la déesse de la mythologie grecque, Atalante.
C'est un personnage marginal fort, doté d'excellentes aptitudes à la chasse et au combat.
Sur les peintures de vases, elle apparaît comme une athlète, mais aussi dans le vêtement propre aux acrobates et aux danseuses.
Théron consacre à ce personnage une danse d'une grande précision, d’une grande habileté et d'une endurance athlétique, associée au son jazzy et aux rythme enflammés d'Allouche.
Bientôt, le duo est rejoint par quatre autres danseuses dans la même tenue qui, au cours de ce spectacle d'une bonne soixantaine de minutes, se font entendre.
Les spectateurs s'émerveillent devant l'art de ces courageuses, ces femmes solitaires.
Grâce à des transitions très fines, les six actrices déterminent bientôt l’espace par section, isolant le duo, tandis que les autres restent sur les bancs.
Ces pas simples sont devenus des figures chorégraphiques très complexes et des figures sont nées. Des modèles dansés de manière synchrone, une performeuse sort régulièrement, rompant le vocabulaire familier et montrant quelque chose de nouveau.
Nora Abdel Rahman