Ouvrir le regard. ‘Air’ et ‘Shanghai Boléro ‘ de Didier Théron enchan- tent le public
(Traduction)
Dans la grande salle de spectacle de la Heidelberger Hebelhalle, les trois danseurs rappellent les figures bombées de Niki de Saint Phalle. Leurs costumes en latex gonflable limitent de manière étrange les jeux de mouvements habituels de danseurs. Le chorégraphe français Didier Théron donne de cette façon une nouvelle forme aux danseurs tout en amenant le public vers une nouvelle perception. Le titre « AIR », c’est à la fois l’air dans les costumes et la qualité de mouvement aérienne et sautillante des danseurs toute en rondeur. Les corps gonflés intriguent particulièrement le regard lorsqu’ils se meuvent lentement et modifient notre regard sur la figure humaine dans l’espace.
Un sens aigu de l’espace
Didier Théron, qui a étudié auprès de Merce Cunningham et Trisha Brown, sait également renouveler la perception du spectateur dans sa seconde proposition. Dans le «Shanghai Boléro», il met en scène deux danseurs et une danseuse avec la musique mondialement connue de Maurice Ravel. Vêtus de simples hauts et pantalons sombres faisant ressortir les bras nus sous la lumière, les interprètes commencent un mouvement de balancement dans les hanches au rythme répétitif des sons de Ravel. Tout en conservant ce mouvement de balancé et de rebond à partir des hanches, leur torse et leur bras y opposent des mouvements faits d’accentuations puissantes. De cette façon, ils se forment en trio, quelque fois se rapprochant, quelque fois se dispersant le long d’axes spatiaux imaginaires.
Comme auparavant dans « Air », Théron démontre dans le « Shanghai Boléro » un sens aigu de l’espace. Même lorsque les danseurs évoluent seuls dans différents points de l’espace carré de la scène, ils maintiennent une tension intérieure entre eux. Lorsque qu’ils dansent ensemble, l’effet est celui d’un point de tension organique accumulée très forte.
Jusqu’au bout les danseurs conjurent le regard du spectateur, tandis que la musique de Ravel l’envoute. Théron s’intéresse autant aux éléments sensuels de la composition musicale qu’à l’histoire de s création entre deux guerres, sa structure radicale et sa sonorité moderne. Il fait apparaître tout cela dans cette chorégraphie remarquable. A la fin de la représentation, Didier Théron nous dévoilent ses processus de composition chorégraphiques. Le Boléro est dansé à nouveau, mais cette fois-ci par le public.