LA GRANDE PHRASE

Ils sont gonflés et ça ne les empêche pas d'arpenter la ville à leur guise. Ces quatre Bibendum, aux costumes colorés, se déplacent joyeusement, multipliant les situations ludiques et les postures invraisemblables. Ils jouent avec l'architecture et le mobilier urbain. Leurs corps boursouflés se déforment et s'adaptent aux situations inventées in situ. Rien ne leur semble impossible. Cette chorégraphie hors norme rompt avec la vision filiforme du danseur et déconditionne notre regard sur notre propre corps, que l'on voudrait tant parfait, sur cette rondeur qui happe sans pudeur le regard gêné et souvent réprobateur du passant. Cette Grande Phrase insouciante et légère, découverte lors du festival de rue Les Turbulentes (Vieux-Condé), respire comme une ode à la différence, épanouie et légère.
Thierry Voisin